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The failure wall, l'auto critique stalinienne réinventée

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Sylvaine Pascual – Publié dans Regards croisés

 

 

Ces derniers mois, l’échec a beaucoup fait parler de lui. Une tendance à la culture de l’échec est en train de donner lieu à tout un tas de bonnes idées et tout un tas de très mauvaises. Ainsi, quand des twitteurs ont attiré mon attention sur cette méthode du failure wall , j’avoue être tombée de ma chaise en découvrant l’auto-critique stalinienne révinventée!

 

 

 

Véritable fausse bonne idée managériale qui tient plus de l'auto critique stalinienne que de l'apprentissage convivialConvivial mur des échecs?

 

Le principe du Failure Wall (ou mur des échecs): un mur sur lequel chacun va afficher ses échecs et les leçons qu’il en a tiré, avec derrière l’idée de « fêter des erreurs qui nous ont permis d’avancer ». Jusque-là, tout va presque bien, puis qu’il s’agit de promouvoir une technique davantage liée à la valorisation qu’à la dévalorisation.

 

Du moins en apparence. Car rendre ses échecs publics peut rapidement devenir une arme à double tranchant: l’auto-pilori, la bombe à retardement qui risque d’exploser à la figure non consentante de ceux qui sont soumis à une nouvelle fausse bonne idée managériale. Nous ne sommes pas si loin de la Lettre écarlate de Nathaniel Hawthorne.

 

 

 

Ou vrai mur de la honte?

 

Combien de temps va-t-il falloir avant que certaines erreurs deviennent l’objet de médisance, de jugement, de moqueries (propre de l’homme, juger, médire et/ou se moquer des faiblesses/fragilités des autres le rassure et lui permet de ne pas regarder les siennes)?

 

Combien de temps avant que cette idée, a priori sympathique mais réellement ambigue devienne un wall of shame, faux mur d’apprentissage et véritable mur de la honte? Car si ce n’est pas l’intention de départ, qui peut en garantir l’intégrité? Qui peut en garantir l’utilsation bienveillante?

 

La méthode pleine de bonnes intentions tient-elle face à une réalité peut-être pas bien jolie-jolie de l’âme humaine, mais bien présente: la méfiance, la peur et les jeux de pouvoir qui en découlent? Du coup, par extension: à quel moment la méthode devient-elle un moyen  mettre le doigt sur la paille dans l’oeil du voisin? Une mise à l’index? Un moyen de désigner un coupable qui va payer pour le collectif? Après l’employé du mois, le loser de la semaine?

 

L’idée a des relents staliniens d’autocritique publique, associés à un côté gravé dans le marbre tout à fait dérangeant: les erreurs n’ont-elles pas droit à la péremption? Analyser une erreur et poser les actions nécessaires pour y remédier a justement pour objectif de ne pas s’ancrer dans l’erreur et de la dépasser, littéralement de la mettre derrière soi. Or, dans le principe du mur des échecs, l’erreur devenue indélébile risque de coller à la peau comme à la réputation. Pas très valorisant tout cela. Et puis ça ne favorise guère la confiance mutuelle.

 

Enfin, appprendre de ses erreurs est un état d’esprit, un mode de fonctionnement qui peut être développé petit à petit, éventuellement enseigné, et qui de toutes les manières nécessite de la pratique. Mais forcez-le, rendez-le obligatoire à coups d’outils standardisés et vous en faites une machine à stress, voire un instrument de torture morale. Car  pour parvenir à reconnaître ses erreurs sans soufrance, une bonne dose d’estime de soi est nécessaire, sous peine de tomber dans les mécanismes de dévalorisation si répandus dans nos sociétés judéo-chrétiennes. Le mur des échecs risque donc d’obtenir exactement l’inverse de l’effet escompté.

 

Le fait de rendre ses erreurs personnelles publiques pose plusieurs problèmes:

 

  • La question de l’objectivation. Le regard de l’autre rend beaucoup plus difficile d’admettre certaines erreurs, certains manquements, qui peuvent alors être perçus comme une menace: « si je montre que je suis faible alors ils auront ma peau. » Et hop, voilà l’erreur diminuée, modifiée, qui cherche d’autres responsables, qui se cache dans tout un tas d’excuses, bref, c’est toute l’utilité du truc qui disparaît.
  • La question de l’authenticité: pour les mêmes raisons que ci-dessus et avec les mêmes résultats, mais de manière consciente.
  • L’humiliation: pour certains, plus timides, plus en retrait, plus vulnérables, tirer les leçons d’un échec de façon privée est faisable et renforce la confiance en soi au travers des actions menées ensuite. Rendre public un échec peut être perçu comme une véritable humiliation, tant la peur du jugement des autres peut être paralysante.

 

 

Communiquer en interne sur une erreur collective comme par exemple une campagne marketing douteuse et susciter la discussion sur les leçons à en tirer est peut-être une bonne chose (j’insiste sur le peut-être).

 

Instaurer un management bienveillant dans lequel le chef permet, au travers de questions ciblées, à ses collaborateurs de tirer des leçons positives et valorisantes de leurs échecs et à mieux rebondir est intéressant.

 

Choisir indépendamment de toute pression de s’exprimer publiquement sur une erreur commise peut être un choix personnel, une stratégie avec un objectif et un cadre définis.

 

En revanche intitutionnaliser l’autocritique individuelle comme technique de management présente bien trop de risques de dérives par rapport à ses éventuels bénéfices.

 

 

 

L’échec du management

 

L’autre conclusion à tout cela, c’est de prendre le temps de réfléchir en profondeur aux conséquences de la mise en oeuvre d’un système, quel qu’il soit, pour éviter de se laisser convaincre trop vite par des idées en apparence séduisantes, amusantes, intéressantes, mais qui peuvent présenter des effets pervers qu’il est important d’identifier. Soit pour pouvoir les modifier, les ajuster pour supprimer les conséquences problématiques, soit pour les rejeter.

 

D’autre part, la modélisation d’un système qui s’est développé dans un environnement spécifique pour le généraliser est une aberration. C’était déjà la plaie du développement personnel, et c’est en train de devenir la plaie d’une théorisation excessive du management.

 

 

 

  • Et vous, que pensez-vous de cette méthode?
  • Seriez-vous d’accord pour qu’elle soit instaurée dans votre équipe/entreprise?
  • Y participeriez-vous activement?

 

 

 

Voir aussi

 

Compétences relationnelles: présenter des excuses

Confiance en soi: la raison et les tripes

La triplette opérationnelle du coaching

Dynamique olympique et plaisir au travail (4): expérimentation et pratique

8 étapes pour gérer les périodes de doute

Oh, des regrets, des regrets, des regrets

« pensée positive »: le revers de la médaille

Bien-être: cesser de ruminer

Reconnaissance au travail: interview de Sylvaine Pascual dans Courrier Cadres

Rebondir après l’échec: Interview dans Management

 

 

 

 

 

Aller plus loin

 

Vous voulez construire un état d’esprit dynamique et serein à la fois, propice à la réussite de vos ambitions et à affronter les aléas de la vie professionnelle? Pensez au coaching. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual au 01 39 54 77 32

 


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